Un désert de crystal

Des grandes épines en crystal brillaient sous le soleil, c'était une forêt glaciale, figée. La première Alice traversait en écrasant le crystal sous ses pieds. Elle était de sale humeur, elle connaissait déjà cet environnement glaciale. L'univers qu'elle s'était créé était on ne pouvait plus lugubre. Un souffle parcourait la plaine balayant les cheveux roux de la jeune femme. L'air était sec, il lui piquait la gorge. Elle ne s'était pas arrêtée de marcher depuis des jours, ses genoux tremblèrent et cédèrent d'eux -mêmes. Elle glissa lentement au sol comme un soupir. Elle essaya de revoir le manoir de son enfance, les hautres tours grises qui perçaient le ciel, les fenêtres tellement brilllantes qu'on aurait cru des vitraux, la cheminée aussi chaleureuse qu'un rire d'enfant. Mais surtout le jardin. Ce lieu était un espace d'évasion... c'était véritablement ce qui lui était personnel. Tout le monde le arpentait, mais personne ne voyait avec ses yeux.

Elle regrettait ces moments de solitude avec elle-même, elle en venait à haïr le Rêve, sa stupide curiosité... elle haïssait tout ce qui l'environnait. Elle prit une pierre, la jeta contre le sol. La pierre éclata en petites particules fines, à peine aussi visibles que la douleur qui la tenaillait. Envahie par un puissant sentiment de nostalgie, elle se perdit dans cet univers, qu'elle n'avait finalement jamais quitté. Elle rampa jusqu'à un rocher pour se cacher des regards. Elle esquissa la forme pour dessiner un visage, un visage familier. Le dessin avait toujours été un art qui la fascinait. A l'aide de son épée, elle traça deux traits puis elle les rejoignit. Dans son esprit, elle voyait la tour où était sa chambre. Ses mains sèches essuyèrent ce passé, qui de toute manière, était révolu, elle était la première Alice... elle n'avait plus rien à voir avec cette adolescente qui s'inventait des mondes imaginaires. Son monde était bien réel, les problèmes qui en découlaient aussi également...

Elle se redressa en prenant apui sur son épée qu'elle avait mis en terre. Une pierre roula, non loin d'elle. Elle pressa aussi fort qu'elle put son épée puis courut vers la personne, responsable de ce petit éboulis.

- Sortez ! Qui que vous soyez sortez !

Elle était d'humeur assez massacrante et ne voulait pas perdre de temps en discussions inutiles... Alors qu'elle avançait, une pierre transperça sa ballerine gauche. Elle retint un cri, et marcha plus lentement vers le visiteur...

Un souffle lent, roc, comme la pierre et assez envoûtant semblait venir d'une tente en verre. C'était en réalité un arbre. Un énorme chêne couvert de poudre argenté, on aurait dit du sucre glace. Entre les branches et flocons se trouver un petit tas qui vibrait. Ce ne pouvais pas être des feuilles, et encore moins des oiseaux. Par endroit on apercevait une sorte de fourre allant des teintes mauve au rose pâle. Quel était cet étrange animal? Si on se fier au son qui ressemblait fort a un ronronnement et a la texture de l'étrange parure violette on aurais dit sans hésiter; un félin. Allons! Quel chat pourrais dormir si profondément dans un arbre a une telle température… Eh bien Artémis Cheshire le chafouin de Diamond's Dream.

En effet quelques instants plus tard un visage presque humain sortit du tas. Il se secoua soudainement la tête pour chasser les cristaux de neige de ses longues oreilles. Il était vêtu de son habituel tee-shirt rayé et d'une cape. Seul sa longue queue volumineuse lui donner l'alure d'un chat. Après s'être longuement étirer il leva la tête et bailla profondément, découvrant de petits cros. Malheureusement un tas de neige lui retomba sur lui. Il avait trop lever la tête, secouant une branche juste au dessus de lui. Assez agacer par cette eau geler qui tomber sans arrêt, il sauta gracieusement, retombant sur ses pieds, légèrement fléchies. Il marcha un moment au hasard, errant entre les arbres. Pourquoi était-il venu ici? Il savait pertinemment qu'il y avait beaucoup d'humidité dans cette région. Oui… Il fallais trouver de nouvelle proies a chasser mais pourquoi ici. Il allait repartir, quand il entendis un bruit.

C'était sans nul doute possbile des crissements semblables aux pas, qui évoluer sur le crystal. Plus il se rapprocher de ce bruit, plus les arbres s'écarter et de longues piques de glace envahissait le chemin. Mis à par cette eau qu'il voyait partout, Artémis aimer bien cet endroit, le souffle calme du vent, cette sensation de paix. Il avait horreur de la solitude mais plus les gens venais, plus il chercher a s'en éloigner. Artémis avait l'habitude d'appliquer a la lettre l'expression; "on n'est jamais content de ce que l'ont a". Pendant un instant il eu un sentiment différent de la curiosité qu'il l'animé habituellement. Sa queue se tordit dans tout les sens, fouettant l'air. Il s'arrêta un moment faisant disparaître son corps et sa tête, ne laissant que ses deux yeux jaunes et luisant observer les alentours. Etrangement il se sentait plus en sécurité quand il se rendait invisible. Il marqua une pose, plongé dans ses pensés.

"Allons… Je suis Cheshire, le chafouin! Pourquoi aurai-je peur de cette inconnue?" Pensa t'il.

Enfin il choisit de repartir d'un pas ferme et décider, il s'avait qui il était et il ne renoncerait pas a cause de son fameux instinct qui lui joué des tours. Enfin il vit un chemin net, qui était tracé depuis bien longtemps. A présent il en était sur, sa proie était proche… A quelque pas de la, assise par terre se tenait une jeune femme au cheveux d'un rouge vif. Il était au dessus d'elle, sur un talus qui bordait le chemin. Il l'observa sans un mot, espèrent connaître plus d'elle. Comme si elle aller se mettre a lui parler a voix haute pour lui expliquer sa vie. Soudain elle se redressa, attrapent un long objet au sol. C'était une épée. Artémis disparue plus par réflexe qu'autre chose et se cacha dernier un arbre sans trop réfléchir au bruit qu'il faisait. Comme il s'était précipitait une pierre tomba du talus.

- Sortez ! Qui que vous soyez sortez !

Il amassa un tas de caillou au cas ou cette inconnue viendrait dans sa direction. Une autre pierre de taille raisonnable lui glissa des mains, tombant sur les pieds de la jeune femme. Il n'osa pas bouger d'un cille. Petit à petit il glissa silencieusement de derrière son arbre pour se retrouver en face de la jeune femme. Puis réapparue, guettant la réaction de celle-ci.

Maddy Heart commençait un peu à regretter de s'étre autant éloignée de son royaume aux contrées verdoyantes baignées par la douce chaleur du soleil estival; mais sa curiosité l'avait emporté sur son instinct de survie et il avait fallut qu'elle suivre cet étrange créature mi-humaine mi-chat qu'elle avait aperçue aux abords de la clairière. Laissant son frère, occupé à d'autres affaires, elle s'était faufilée à sa suite dans l'espoir de l'entrevoir un peu plus et de savoir ce qu'un tel étre faisait dans le royaume des Heart. pendant des jours entiers elle l'avait suivit avant de perdre définitivement sa trace aux abords d'un petit ruisseau. Visiblement ce félidé (si elle pouvait l'appeler comme ça) était assez malin pour avoir repéré sa présence et vouloir lui jouer un mauvais tour de passe-passe. Elle n'en aurait pas pensé moins de lui car dès leur premier regard échangé elle avait sentit en lui une sorte de malice doublée d'un esprit rebelle. Et ça tombait bien car elle avait une attirance toute particulière pour ce genre de personnes. Abandonnant la partie devant la malice de son adversaire elle avait donc décidé de rentrer chez elle retrouver le confort de son palais et surtout son frère dont la présence gaie et chaleureuse commençait à lui faire cruellement défaut. D'ailleurs lui-méme devait ressentir un vide,voire méme s'inquiéter de son absence et ça elle le ressentait au plus profond d'elle-méme de par le lien indescriptible qui les unissait depuis leur plus tendre enfance. Il était tout pour elle, elle était tout pour lui et wonderland avait scellé leur union dans le marbre. Mais voilà à force de suivre le "chat" (ou quoi que ce soit d'ailleurs), elle avait fini par se perdre dans une partie de la foret, un lieu dans lequel régnait un hiver éternel et lancinant. Autour d'elle tout se ressemblait et la lumière avait peine à percer au travers des feuillages enneigés. Quel était donc cet endroit si peu accueillant ? Et surtout: Quels dangers l'y attendaient, cachés aux détours d'un sentier poudré ?
Elle s'approcha vers un arbre centenaire et tenta d'en gratter la neige afin de repèrer d'éventuelles traces de mousse. Peine perdue! La neige était si épaisse qu'il lui fut impossible de dégager ne serais-ce qu'une partie du tronc. Tant pis ! Elle aurait au moins essayé ! Ne perdant pas courage pour autant elle s'aiguilla sur son sens de l'orientation et décida de continuer sa route comme bon lui semblait (Est-ce une bonne idée ?). Au bout d'un certains moment elle commença à repèrer des traces de pas sur la surface blanche. Hum... Elle se pencha pour les examiner plus minutieusement, il s'agissait bel et bien d'empreintes humaines, des empreintes de fille puisque l'individu avait de petits pieds (38/39, pas plus) et portait des ballerines. Elle fut rassurée de savoir qu'elle n'était pas la seule humaine dans le coin mais très vite de nouvelles questions aussi froides que l'air ambiant s'imposèrent à elle: Cette fille était-elle une amie ou une ennemie ? Que ferait-elle si celle-ci s'avérait hostile ? Elle n'avait aucune arme ni aucun autre moyen de se défendre et elle était toute seule sans personne pour la protéger ! Un frisson non lié au frimas lui parcourut l'échine... Elle devait continuer, elle n'avait pas le choix, il en allait de sa survie ! Elle secoua violemment la téte comme pour chasser les ombres de son esprit et se mit à pister les empreintes, cela lui rappela quand elle allait chasser le dahut en montagne avec son frère tout en suivant des traces de bouquetins. A ces pensées elle sentit une poussée de nostalgie lui étreindre le coeur ... Ne se laissant pas aller à sa douleur elle traça sa route tout en gardant son amertume enfouie dans un petit coin de son esprit inquiet et torturé. Parfois il arrivait que son ancien monde lui manque mais ça elle n'en touchait mot à personne, pas méme à lui car elle avait peur de sa réaction et puis elle ne voyait aucune raison de se plaindre, ils étaient ensemble et il n'y avait que cela qui comptait ! Alors les états d'ame sans fondements elle préférait leur tordre le cou ! Peu à peu une silhouette se dessina à l'horizon et Maddy mit sa capuche de crainte que l'individu ne l'identifie. Elle fit encore quelques mètres et alla prudemment se cacher derrière le tronc massif d'un chéne. Et ce qu'elle vit la surpris au plus au point, devant elle, sur un rocher se tenait une fille dont l'aspect lui était familier: cheveux rouges, yeux de feu, taille de guépe... Mais qui était-elle ? Fouillant dans sa mémoire un souvenir douloureux s'imposa à elle: l'attaque des ombres lors de son arrivée dans le pays merveilleux ! Mais oui ! La première Alice ! Il s'agissait en effet de la fille qui les avait sauvés elle et son frère d'une mort certaine ! 1 an qu'elle ne l'avait pas revue ! Elle hésita à aller la voir, la demoiselle semblait perdue dans ses pensées et son visage parfait semblait empreint d'une tristesse sans nom. Elle en était là dans ses réflexions quand elle entendit un bruit lour et dur, ce qui la fit sursauter. La jeune fille quant à elle s'était jetée sur sa longue épée et se mit à courrir en direction d'un talus tout en ordonnant d'un voix ferme et décidée:

"-Sortez ! Qui que vous soyez sortez !"

Maddy s'émerveilla devant le courage de la première Alice, elle semblait invincible,campée sur ses positions, le regard fier et droit. Puis sans raisons elle se mit à hurler de douleur,visiblement une de ses ballerines avait été transperçée par une pierre ! Ouille ! Mais cela ne la découragea pas pour autant et elle continua à avancer, fixant quelque chose derrière un arbre. Qu'étais-ce donc ? Une forme bougea de derrière l'arbre et en sortit, il s'agissait de ce coquin de chat ! L'homme-animal se tenait désormais face à Erica et ils se dévisageaient. Maddy ayant repris confiance en elle à la seule vue de son amie fut tentée de révéler sa présence au grand jour et c'est ce qu'elle fit. Tous trois étaient désormais réunis...
pour rompre le silence qui la stressait Maddy demanda d'une voix douce:

"-A quel endroit sommes nous ? Et toi qui-est tu ? (au félidé qui la regardait l'air moqueur )"
[b]

Erica pencha la tête sur son épaule, perplexe quand elle vit le chat. Elle ne savait pas trop comment réagir, plein de questions semblaient se bousculer dans sa tête.

"-A quel endroit sommes nous ? Et toi qui-est tu ? (au félidé qui la regardait l'air moqueur )"

Une voix aussi fluette lui était familière, elle roula des yeux vers la nouvelle arrivante. C'était la jeune fille qu'elle avait sauvée, elle se souvenait bien d'elle mais ne comprenait pas cette lueur dans ses yeux. Elle n'avait fait que lui porter secours. Aujourd'hui, elle était de sale humeur, rien ne semblait la remettre d'aplomb. Elle aurait été à deux doigts d'utiliser son épée et de transpercer le chat. Elle ne supportait pas qu'on la surprenne dans ses mauvais jours. Aujourd'hui était un mauvais jour, des images de son manoir lui étaient revenues. Elle remit néanmoins sa longue épée effilée dans son étui. Elle fixait les deux visiteurs comme des intrus.

- Si tu ne sais plus où tu vas... alors tu es perdue...

Elle avait dit cette phrase dans un souffle sec, précis, assuré.

- C'est vrai qui es-tu toi ?

Elle fixa toujours ce chat étrange, qu'elle avait failli embrocher sur un coup de tête. Ses yeux exprimaient parfaitement son humeur massacrante; ceux qui connaissaient la première Alice savaient qu'il n'était pas prudent de perturber Erica. Elle était lunatique, très lunatique, c'était un de ses pires défauts. Certains ne savaient s'ils devaient la désigner en tant qu'amie ou s'ils devaient s'armer pour lutter contre elle. L'atmosphère était donc tendue, elle ne percevait pas l'amitié que Maddy avait pour elle. Ici, elle n'avait aucun ami. Dehors, elle n'avait aucun ami. Finalement, rien n'avait changé... Elle soupira, ferma les yeux, puis s'écarta du chat sans attendre la réponse, comme si cela lui importait peu.

Elle marcha un peu pour s'asseoir plus loin, elle aimait maintenir ses distances. Elle avait certes sauvé Maddy, mais cela l'arrangeait et cet air ne la rassurait pas. Maddy sentait la sympathie à plein nez, Erica voulait repousser toute cette senteur... Elle ferma son visage derrière des traits assez durs, froids. Elle se leva, fit un signe de tête disant qu'elle partait. Quand elle voulait être seule, il ne fallait pas la perturber au risque de s'en brûler les doigts. Elle poursuivit donc son chemin. Le sol paraissait plat, sans aucun relief, il n'en était rien. Crystal Valley recelait parfois certaines malices qui faisait que comme tout lieu du pays des merveilles, elle était dangereuse. Le pied d'Erica tâta un vide, oui un vide qu'elle ne voyait pas, c'était comme si le sol s'était volatilisé. Comme ça ! En une seconde ! Elle cria, tomba dans un précipice. Elle se cramponna à une épine qui dépassait de la falaise.

Sa main glissa, elle hurla de nouveau puis atterrit sur du sable en contrebas. Son dos avait percuté la terre de plein fouet mais c'était dans une infinie douceur qu'elle sombra dans l'inconscience. Elle vit la lumière qui l'atteignait toujours puis ferma les yeux. Elle vit son enfance. Fretio, son épagneul, l'accompagnait quand elle jouait au cerceau, elle sentit le bâton qu'elle tendait devant elle tout en courant. A travers la boue, la terre meuble elle traversait tous les périples en jouant. Elle jouait innocente qu'elle était... Alors dans son sommeil, elle sourit. Elle était un peu consciente, mais voulait nourrir l'illusion qu'elle revivait dans l'autre monde. Elle se recoquevilla, ce qu'elle ignorait c'était que son corps se durcissait, se refroidissait. Il deviendrait bientôt aussi vivant que le crystal qui l'environnait.

Elle n'avait pas la sensation qu'elle dépérirait si elle restait ici, car elle se nourrissait de rêves qui pour elle ne s'étaient jamais effacés. Il fallait qu'elle sorte de cette prison Son coeur s'accélera sur le coup de toutes ces émotions qu'elle retrouvait. C'était unn peu comme si elle rencontrait à nouveau la fille puis la jeune femme qu'elle était. Elle visionnait comme un film, sauf que cette douce illusion avait un sacré coût...